Haïku #136 : Nénuphars de verre
Nénuphars de verre éclos au bas du glacier nos sauts sur les pierres
Nénuphars de verre éclos au bas du glacier nos sauts sur les pierres
Neiges rétablies — Gravée sur un bois de renne la fresque d’un renne
Troupeau crin au vent fuyant le fouet du large où le jour croupira
Huit faisceaux de phare prudemment tondent la lande sans gêner l’agneau
Le grand cormoran une plie dans le gosier sa leçon de flegme
Ouessant dépeuplée l’ancienne corne de brume manquant à l’appel
Labeur de la houle les rues du bourg dessoûlent le pêcheur hésite
Ragoût sous les mottes les craves alertés retournent au gouffre
Hospitalisé à deux pas du centre-ville le mangeur de prunes
Triés dans l’évier les turbots et les tourteaux — Aux chats les mulets !
Clapot du canot l’envergure des cormorans puissamment figée
Aux abris les agneaux saules et roseaux le dos courbé l’île avance
Puanteur des algues — Pieds tordus sur les galets nous nous amusons
Cernés de clôtures les alignements de pierres avec les moutons
Au rythme des phares se déplacent les étoiles — J’écrase un mégot
Faute de narcisses le panicaut des Glénan submerge l’îlot
Fontaine païenne où les lenticules cachent l’eau des bénitiers
Kéréon en fleur — Le coucou parmi les coqs réveille le monde
L’église de bois sous ses dragons enneigés personne n’y entre
En signe de croix au-dessus du vieux calvaire busard des roseaux
Vos reflexions