Haïku #2186 : La pluie sur le seuil
La pluie sur le seuil entre le facteur et moi un colis d’Asie
 
                    La pluie sur le seuil entre le facteur et moi un colis d’Asie
 
                    Un sursaut de pluie — laurier blanc sur le balcon sous lequel un chat
 
                    Givres effacés le chevreuil au pied du chêne récupère ses bois
 
                    Four à goémon sous les orges hérissés qui s’en est ému ?
 
                    Bientôt Pâques mon chapeau sur l’étagère remplacé par une barbe
 
                    Montagne déserte couronnée d’églises vides pour un nid de mouette
 
                    Tricotant un masque pour celui qui chaque soir hume les bourgeons
 
                    Agneaux immobiles ruades et cabrioles du grand vent d’Ouessant
 
                    Lent dégel du lac bien plié sur le versant le linge des neiges
 
                    D’un geste du ciel la nuée des étourneaux transformée en cèdre
 
                    Le chat aux abois plus ses griffes épointées plus ses dents pointues
 
                    Les flocons d’écume par-dessus les hautes roches mouchoir saturé
 
                    À moitié sous l’eau à moitié sur le soleil les deux ragondins
 
                    Herbes décoiffées à grand pas vers le couchant sans mon sac à dos
 
                    Des fleurs de bourrache mais toujours des toits d’ardoises dépourvus de neige
 
                    Part de tarte aux pommes la tempête restée muette — bébé sur un sein
 
                    La flaque de pluie plus sinistre chaque jour dans la vieille église
 
                    Bourrasques nocturnes les médailles mélangées autour de mon cou
 
                    Banane pelée seul de nuit dans la cuisine courbé sur la peau
 
                    Châtaignes ouvertes bravant l’écluse fermée le surplus des pluies
Vos reflexions