Originaire de Haute-Normandie, Alsacien quelques années et depuis Finistérien, je me suis très tôt orienté vers la nécessité d’écrire, en particulier de la poésie. Alors que mon écriture s’asphyxiait, je me suis penché sur le cas du haïku, ce petit événement littéraire qui contrastait avec les références et les formats auxquels je m’étais consacré.

    Ce temps d’arrêt à écouter les ressources du poème court ne fut pour moi ni une occasion de divorcer de mon occidentalité ni un exercice de béatitude, mais d’abord une reconsidération pertinente du rôle du langage, et donc du poète en tant que passeur de réalités.

    Le haïku est un genre littéraire à caractère poétique élaboré au fil des siècles dans l’archipel nippon. Bashō, au 17e siècle, se consacra à le valoriser en tant que forme poétique autonome, c’est-à-dire détachée des autres formes poétiques auxquelles il était intégré.

    Le haïku classique se compose de 17 syllabes réparties en 3 segments (5/7/5 syllabes) de sorte à obtenir une phrase concise et focalisée sur une évocation. D’autres codes conditionnent son esprit : le kigo (allusion aux phénomènes saisonniers), le kireji (mot ou ponctuation créant une césure, un virage dans l’énoncé) et diverses tonalités préconisées par les maîtres (légèreté, patine, humour, cocasserie, etc). Diverses écoles coexistent et, en particulier depuis le début du 19e siècle, des mouvements avant-gardistes proposent des alternatives, tant au niveau structurel que thématique.

    L’une des grandes singularités du haïku réside aussi dans la manière dont l’auteur véhicule ses propres émotions à travers son environnement, laissant ainsi à distance une expression trop centrale du soi.

    Un siècle a passé depuis que les non-Japonais (les occidentaux en grande partie) se sont intéressés au poème court. Mis à part les travaux des traducteurs et des essayistes, des tentatives d’appropriation du genre par différentes langues et cultures génère des variations stylistiques et des débats dont l’effervescence ne cesse de croître.

    C’est dans ce contexte que ce site Bol de pluie espère participer à une réflexion autour de la pratique du poème court, ce au moyen de productions personnelles, de lectures commentées, d’analyses ou de partage d’informations.

 

Jonas Dagorn